M. LÉON BLUM

	M. Léon Blum, député de la Seine, est né à Paris, en avril 1872.
	Ancien élève de l'école Normale supérieure, avocat, il devint maître des Requêtes au
Conseil d'État.
	Après quelques essais littéraires appréciés, il se lança dans la politique socialiste et
fut chef de cabinet de Marcel Sembat, ministre des Travaux Publics, pendant la rude époque de
la crise du charbon.
	Élu député en 1916, il fut nommé secrétaire général du groupe socialiste au Parlement.
	Orateur éloquent, fin, souple, dialecticien de premier ordre, ses interventions furent
remarquées. Le congrès de Tours lui confia la direction du Populaire de Paris.
	Parmi les nombreuses brochures échappées à sa plume, citons : En lisant, Mariage,
L'Article 7, l'Historique des Congrès Socialistes, Pour être socialiste.
	Léon Blum est un type dans le genre de Jaurès, il ne faut pas le lire. Il faut l'entendre.
Oh ! ce n'est pas le monstre. Son éloquence est aimable et souriante, mais fine et acérée.
	Après le succès du Cartel des gauches, auquel il avait beaucoup contribué, il fut avec
Painlevé le conseiller d'Herriot et il semble jouer auprès de la majorité parlementaire le rôle
de Jaurès sous le ministère Combes.
	Ce rôle lui va à ravir et il le remplit avec une maestria qui n'est pas sans être jalousée.
A son appel, le bloc se ressaisit et se serre instinctivement autour du chef. D'un mot opportun et
décisif il sait rallier les plus timorés.
	Sa dernière intervention, lors de la discussion de la politique générale du Gouvernement,
a révélé en Léon Blum un subtil diplomate qui ne ferait pas mauvaise figure au Quai d'Orsay.
	M. Poincaré affecta à ce moment de voir en lui le Verbe de M. Herriot, ce dont le Président
du Conseil ne convint nullement d'ailleurs.
	C'est dire la place et le prestige que le talent a fait à ce jeune député qui s'est poussé
aux grands rôles avec une rapidité étonnante.
			La valeur n'attend pas le nombre des années...
	La carrière politique de M. Léon Blum s'annonce brillante et, comme il sait greffer à
ses qualités natives une prudence stratégique merveilleuse (il en a fait preuve dans les récents
congrès), il n'est pas téméraire d'affirmer qu'il restera le Verbe du parti socialiste qui,
s'il peut, un jour, de par le jeu électoral, arriver au pouvoir, réservera à ce jeune homme
d'État la première place. Tout simplement !