M. BEDOUCE

	M. Bedouce est député de Toulouse.
	Lors de la réunion du Cartel à Orsay, au lendemain de son triomphe, le député de
la Haute-Garonne avait arboré un très voyant oeillet rouge à son veston démocratique. Ses amis
furent perplexes. On était tant habitué aux violettes que, trois fois par semaine, il distribuait
royalement (mais oui!) dans le Salon de la Paix!
	M. Belouce, à cette époque, n'ayant pas de domicile à Paris, couchait dans les trains
trois fois par semaine, ce qui lui procurait les joies de la famille qu'il allait retrouver,
et il nous rapportait des violettes.
	Ses rares soirées à Paris se passaient dans un petit phalanstère composé de deux députés
également socialistes où le plus âgé, -c'était paraît-il M. Bénézech, député de 1'Hérault -
était préposé à l'office.
	M. Bedouce a eu dans la Haute-Garonne des hauts et des bas. On sait que dans cette ville
il existe une alternance régulière entre les municipalités radicales et socialistes : d'où
répercussion sur les élections législatives.
	Cette fois l'Union républicaine s'est produite et M. Bedouce en a bénéficié.
	Très répandu dans les couloirs où il excelle à conter des anecdotes charmantes et
spirituelles sur ses bons collègues, M. Bedouce est aussi un homme de tribune et il s'est révélé,
au cours des deux législatures où il a siégé, un orateur d'affaires de premier ordre.
	Aidé par des connaissances financières indiscutables, il a fait partie des Commissions
qui exigent une certaine compétence et ses discours sont écoutés attentivement au Palais-Bourbon.
	Les questions algériennes lui sont familières et son éloquence, simple, persuasive,
documentée, est d'autant plus remarquable, que le député de la Haute-Garonne, qui n a pas été
bercé sur les genoux d'une duchesse, a reçu une instruction primaire.
	Le voilà dans la phalange oratoire du Cartel dont il est un des membres les plus autorisés.
Il y défendra avec aisance et bonne humeur la politique de soutien et le Gouvernement
y trouvera son compte.
	Et puis le Salon de la Paix reverra un vieil habitué qui défrayera là chronique et sera
souvent la bonne fortune des journalistes à court de copie et vous verrez que leurs boutonnières
vont à nouveau être fleuries de violettes.