Charles-Victor FOURNIER-BERVILLE

Un garde national survivant des journées des 5 et 6 juin 1832


     Quand on passe en revue les victimes de l’insurrection des 5 et 6 juin 1832 on tope sur Charles-Victor FOURNIER-BERVILLE, né le 8 Vendémiaire an III (29/9/1794) à Paris, y demeurant rue Jean-Jacques Rousseau n° 8. Il perçoit une pension de 1 000 francs pour avoir reçu un coup de feu à la tête, avec perte de substance considérable, gêne dans la prononciation et la déglutition, perte de l’oeil. 1 (État-civil reconstitué V3E/N918 - Vue 2 de la numérisation 1805-1794) 7
Naissance reconstituée


     On lit dans le Journal des débats 2  de l’époque :
«Nous avons inséré, dans notre numéro du 10 juin 3, une note communiquée dans laquelle on lisait que, dans la matinée du 6, des coups de feu furent tirés sur les soldats réunis à l’hôtel des postes, par plusieurs fenêtres situées vis-à-vis la cour de cet hôtel, et qu’un des tireurs, signalé comme le plus opiniâtre, fut atteint d’une balle qui lui fracassa la mâchoire. Ce tirailleur était M. FOURNIER de BERVILLE, chasseur de la 4e compagnie, 4e bataillon, 3e légion de la garde nationale; mais, loin de seconder les efforts des insurgés, cet excellent citoyen, qu’on ne peut accuser que d’un zèle imprudent, tirait de sa croisée sur les fauteurs de l’anarchie … M. FOURNIER de BERVILLE, avant de tirer sur les insurgés, s’était fait reconnaître par les gardes nationaux de sa compagnie et les avait prévenus de son intention. Réveillé par la fusillade, il avait à peine pris le temps de passer un caleçon, et s’était jeté à la hâte sur son fusil, que ses camarades ont toujours vu dirigé contre les rebelles postés à la barricade de la rue Montmartre … MM. ROUX, CULLERIER et MICHU ont prodigué à M. FOURNIER de BERVILLE les soins les plus empressés.»

     Mr FOURNIER de BERVILLE était peintre et quelle n’est pas notre surprise de lire dans sa notice du Dictionnaire de Biographie Française qu’il est mort à Paris en juin 1848, oui, juin 1848, après avoir été grièvement blessé lors des « journées de juin » 1848.
     Mais c'était inexact. En effet un Charles-Victor FOURNIER de BERVILLE, 72 rue Blanche à Paris, déposa le 20 février 1862 un brevet d’appareil de traction pour chemins de fer!(4)

     Et ce ne pouvait être que le garde national né à Paris en 1794! Ne trouve-t-on pas dans les registres des décès numérisés du 17e arrondissement de Paris l'acte suivant:
28/12/1869 Décès de Charles-Victor Fournier de Berville Rentier né à Paris, célibataire âgé 75 ans, mort la veille en son domicile au N°2 rue Caroline. (Registre coté V4E2073 - Acte 2107 du registre - Vue 11 de la numérisation) 5 Il est donc bien né en 1794!
Décès


     Il faut dire que le «décès» en juin 1848 d’un homme dont on a pu se demander – et dont on se demande encore - si en juin 1832 il ne s’était pas battu successivement des deux côtés, ce «décès» pouvait être perçu comme dénotant un goût persistant pour la supercherie.

     En tout cas, l'inventeur FOURNIER de BERVILLE n'aura pas été en peine de dessiner sa barre d’attelage de sûreté6.





Notes
1) Cf. Bulletin des lois du Royaume de France, IXe série. Règne de Louis-Philippe Ier, roi des Français. IIe partie.- Ordonnances. IIe section.- Ordonnances IIe section.- Tome quatrième, contenant les ordonnances d’intérêt général ou particulières publiées pendant le second semestre de 1833. Nos 63 à 86.- Paris : Impr. Royale, Février 1834, p. 607
2) Journal des débats politiques et littéraires, lundi 18 juin 1832, p. 2, col. 2 et 3
3) En fait, le numéro du lundi 11 juin, p. 2, col. 2
4) Bulletin des lois de l’Empire français. XIe série. Règne de Napoléon III, empereur des Français. Deuxième semestre de 1863, contenant les lois et décrets d’intérêt public et général publiés depuis le Ier juillet jusqu’au 31 décembre 1863. Partie principale. Tome XXII. Nos 1133 à 1169.- Paris : Impr. Impériale, 1864, pp. 446-447 (Brevet 53063 selon l'INPI, information de Yannick VOYEAUD)
5) Information de Mr Guillaume Lévêque
6) Cf. Ledier (Alfred).- Société des sciences industrielles, arts et belles-lettres de Paris. Extrait du rapport fait à la Société, le 25 avril 1862, sur la barre d'attelage de sûreté à l'usage des chemins de fer, inventée par M. Fournier de Berville. [Signé : A. Lédier. 25 avril 1862.].- Paris : Impr. de L. Martinet.- 7 pages
7) Information de Mr Yannick Voyeaud




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